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Affichage des articles du décembre, 2011

Une voix dans la brume, qui entend son oreille! (1/X)

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Je m'appelle Jérémie Tchakounté, je suis en 2011, c'est l'année de mes 18 ans, c'est-à-dire que désormais je peux répondre de mes actes devant la justice et jouir des quelques droits que la loi accorde aux adultes dont celui de voter, de choisir parmi des concurrents affamés de pouvoir celui qui va détenir le pouvoir dans le périmètre de son cerveau et l'exercer comme on l'entend souvent pour le bien de tous et de chacun, même de ceux qui ont opposé une farouche résistance à son accession au trône suprême en ne votant pas pour lui, ce qui vous en conviendrez est chose bien étrange puisque si les partis existent et guerroient les uns contre les autres dans la conquête et dans la conservation du pouvoir, les vainqueurs devraient se servir, se goinfrer la panse sans le moindre remord, la moindre contraction à l'estomac, aussi je ne comprends pas ce miracle-là qui se produit dans le moi du nouveau venu, faisant de lui un suprême juste et bon pour tous, y comp

Comment préserver sa vision du monde des influences extérieures? in Micro-fantaisies I

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Wassily Kandinsky, Cercles dans le cercle, 1923 Hier soir je retrouvais avec un certain plaisir mon bon ami Simplice dans un restaurant indien de la cité de Genève où nous avons mangé en entrée une salade de concombres au yaourt, en plat du Curry de veau pour lui et du poulet Tandoori pour moi, et en dessert nous avons tous les deux fondu sur le Gulab Jaman. Comme à notre habitude on se lança tout de suite dans des débats impossibles, et au bout d'une heure à peu près d'un échange ponctué d'arguments et de contre-arguments mon bon ami m'annonçait gaillardement qu'il avait pris une importante décision. Laquelle ? m'empressai-je de le questionner. J'ai décidé, jeta t-il, peinard, de ne plus jamais regarder la télévision. D'ailleurs, fanfaronna t-il, j'ai balancé mon poste à la décharge ce matin car figure toi que même l'idée de le vendre m'indisposait. Pourquoi l'as-tu fait ? m'hasardai-je. Afin que ma vision du monde ne soit plu

Le salon du livre in Micro-fantaisies I

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© Mike Stilkey Parfois les salons du livre ont du bon ! Non pas à cause des remontrances à peine voilées que l'on y adresse à tout bout de champ au pauvre salariat à cause de son incurable fainéantise à s'élever au-dessus de sa triste condition quand bien même on lui en donne les moyens au travers des livres, mais à cause des croisements improbables, pour ne surtout pas écrire rencontres car on n'y rencontre pas vraiment les gens, que l'on peut y faire, notamment celles avec les écrivains. Avant de continuer je souhaite clarifier une chose : Je déteste ce type de manifestations... Par nature je déteste les manifestions dont le but est de glorifier quelque chose ou quelqu'un. D'ailleurs je m'y rendu à ce salon du livre un peu contre ma volonté, contraint en quelque sorte par mon ami Simplice qui voulait se faire dédicacer le dernier roman de l'auteur dont il sera ici question. Bref, Simplice obtient quelques mots sur la page de son roman prévue à c

Dernières nouvelles du front d’une catastrophe imminente (5)

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Le pont japonais, Monet Le 29 septembre 2011 – C’est un Jeudi – Il est 06h35 – On est à Douala - Dans une section du pont à la courbe suspendue – Je suis un envoyé du tout-puissant, de créateur de toute chose, de l’unique dans l’enchaînement des siècles. Dans ma nuit, il m’est apparu dans le rêve et de sa main de feu s’est posée sur mon épaule. Il m’a dit je suis ton créateur et tu es ma création et je te parlerai et tu feras ce que je te dirai. J’ai créé ce monde pour parfaire la création mais quelle n’est pas ma peine de voir comment vous le conduisez à sa perte. Alors, il est temps de faire peau neuve ou place nette, si tu veux. Ceci est un de mes   vieux tours. Beaucoup de signes en témoignent encore. Quand le monde a atteint un haut degré d’avilissement je lui envoie des guerres et des catastrophes pour le renouveler. Et à présent il est temps de détruire ce monde corrompu. Tu seras mon bras. Je serai avec toi et tu n’auras rien à craindre. D’aucuns diront de toi que t

Dernières nouvelles du front d’une catastrophe imminente (4)

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Le procès, Orson Welles, 1962 Mercredi 30 Novembre 2011 – Aéroport de ce qui s’appelle la banlieue de Yaoundé – Un homme descendait de l’avion qui le ramenait ici après une semaine à Bordeaux où il avait participé en qualité d’expert à un colloque international sur les droits de l’homme en Afrique. Il avait le pas lourd. Sans doute la fatigue. Car il était resté assis sans rien faire durant six heures. Et comme resté assis des heures sans rien faire n’était pas dans ses habitudes. Il était fatigué ; il se sentait fatigué. Le siège de l’avion non plus ne lui avait arrangé son affaire. Quoique de première classe, le siège, il n’avait pas le confort insouciant d’un mauvais lit. Alors il était fatigué ; alors il se sentait fatigué. En conséquence son pas était lourd. Lourdeur à laquelle venait s’ajouter celle du temps. Déjà englué de mélasse malgré l’heure précoce. Il se disait bien comme ça qu’il devait encore dormir. Quelques heures encore. Toutefois, il devait d’abord passer à

Dernières nouvelles du front d’une catastrophe imminente (3)

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     Mercredi 09 Mars 2011 (dans les alentours de Lampedusa) – La barque où Mamadou Barry Cissé avait trouvé une place la veille au soir venait d’être interceptée près des côtes de Lampedusa par les garde-frontières italiens. Il pouvait s’estimer chanceux car, pendant une année, il avait végété en Libye, enchaînant les petits boulots de merde, dans l’attente d’une ouverture dans la muraille d’acier que les garde-frontières libyens avaient érigé en son rêve et son réalité. Au déclenchement de la révolte il ne s’était le moins du monde pas senti concerné : la notion d’altruisme lui était devenue étrangère depuis le jour où il prit la route.    Le Radeau de La Méduse , Théodore Géricault, 1819 A Tripoli il s’était fait recruté dans une troupe de fidèles qui réglaient leurs comptes à ceux qui étaient réputés hostiles au Guide. Lors d’une opération il mettait la main sur une sacoche de dollars. Le lendemain il quittait la villa cossue qui leur servait de caserne. Je me vais m

Dernières nouvelles du front d’une catastrophe imminente (2)

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Corps dans une fosse, Belsen Peint en 1946 par Alex Colville (1920-) Une journée dans la vie d’Henriette Coulibaly – Un Lundi ou un Jeudi, peut-être - D’abord Henriette Coulibaly était allée en visite chez   sa cousine Aminata Coulibaly mais arrivée chez cette dernière on lui annonça qu’elle se trouverait   chez une autre cousine appelée Daba Coulibaly où en effet elle se trouvait depuis une heure à peu près. Seulement les choses n’allaient pas se passer comme prévu. Henriette Coulibaly qui s’attendait à discuter simplement de frivolités n’hésita pas un seul temps à leur emboîter le pas, quand elle apprit que ses cousines se rendaient à la marche . Alors elles avaient marché. Et de pas en pas l’humeur de la rue se nuançait de gris. Ceci jusqu’à qu’elles fussent entravées par un détachement de l’armée fidèle. On s’épia de part et d’autre un long moment. De part et d’autre on fut pour quelque temps habité par la peur. On fit des sommations. Mais elles, les femmes, no

Dernières nouvelles du front d’une catastrophe imminente (1)

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Lundi 02 Mars 2011 à 15h45 – Ali Mahmoudi, marchand d’eau de son métier dans la ville de Benghazi, était couché sur une dune de sable dans les environs de Misratah. Guernica, Picasso Il avait été touché à la jambe par l’explosion d’un obus lors de la retraite de son bataillon de fortune. Il n’osait pas jeter   le regard sur ce qui restait de sa jambe ; il préférait en garder un souvenir intact. De plus, il savait que la vue de son sang allait le plonger dans l’évanouissement. Alors, pour passer le temps, il regardait les rares nuages au-dessus de sa tête et se répétait en boucle : « aurais-je pu faire autrement ? ».     © Timba Bema, 2011

Une certaine idée de l’amour (Scenette pour deux personnes)

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Gustav Klimt - Le baiser PREMIÈRE PERSONNE : Je suis là, mon amour !… Je me suis faite une beauté, pour moi, d’abord, et pour toi, bien évidemment, ensuite… Tu veux voir à quoi je ressemble ?... DEUXIÈME PERSONNE : N’entre surtout pas !…  PREMIÈRE PERSONNE : Pourquoi, tu veux plutôt sortir, toi ?…  DEUXIÈME PERSONNE : Non !… PREMIÈRE PERSONNE : Ce n’est pas l’heure de faire des blagues de mauvais genre, ouvre, mon amour!...  DEUXIEME PERSONNE : La porte est ouverte mais je te prie de ne pas entrer…  PREMIÈRE PERSONNE : Quoi ? Tu peux te répéter ?…  DEUXIÈME PERSONNE : Voilà, je ne veux plus te voir… Ce soir, du moins… Certes je t’ai convié à dîner ce soir avec l’arrière-pensée de me nourrir de tes charmes et de te nourrir des miens… Mais à présent tu dois savoir que je ne veux plus te voir… Va t-en !… Éloigne-toi de moi !… Oublie-moi moi cette nuit !… Demain, peut-être, on verra…  PREMIÈRE PERSONNE : Ah ! C’est une déclaration de rupture