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Affichage des articles du janvier, 2009

La loi de Forsoh (5/5)

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Manray, Le violon d'Ingres Douala, premier Août Marguerite, ma chérie Dans quelques heures je serai à Paris. Un tour à la poste pour expédier mes deux dernières lettres, et je me mets en route pour l’aéroport. Que dire de mon approche ? Je pense que dans ces choses-là, il n’est pas possible de faire de bilan. J’en viens maintenant à penser que l’approche de ma terra incognita n’aura pas de fin, qu’elle demeurera toujours un effleurement, tandis que pour d’autres, comme toi peut-être, tout sera fixé et définitif. J’y retournerai le plus souvent possible, et ces prochaines fois tu seras à mes côtés. Tu sais quoi ? en rentrant dans ma chambre hier, j’avais le sentiment, alors que je traversais le couloir de l’étage vide, que tu m’attendais. Je suis encore confus, trop de vécu en si peu de temps. Et ces rencontres... Ces gens, que je quitte... C’est peut-être mieux ainsi ! Cependant je ne peux m’empêcher de penser à ces familles à l’aéroport, à ce taximan et sa banquette

La loi de Forsoh (4/5)

Douala, trente-un juillet Marguerite, ma chérie Il est à peu près minuit. J’ai déjà rangé ma valise. Mon vol est prévu pour demain midi, ce qui signifie que je devrais être à dix heures à l’aéroport ; Forsoh s’est occupé de me réserver un taxi-course, beaucoup plus sûr, selon ses dires. D’ailleurs il a été avec moi toute la journée : c’était son jour de repos. Nous nous rendîmes d’abord à l’agence de voyage, au plateau Joss, afin de confirmer ma réservation, puis il me proposa le farniente dans un parc à quelques pas de là, en attendant son rendez-vous, prévu à midi, avec son ami animateur de radio. Je le suivis donc sans me faire prier, et nous nous installâmes dans un banc en fer forgé, au milieu d’arbres à fleurs laiteuses, dont le parfum subtil et doux plut aussitôt à mes narines. D’un geste rond du bras, il voulut me présenter les monuments alentour, mais mon regard sombre l’en dissuada ; je préférais plutôt demeurer là, à causer de la pluie et du beau temps, tout en observant

La loi de Forsoh (3/5)

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Douala, trente juillet Marguerite, ma chérie C’est l’aube. Quelle nuit ! Je viens tout juste de regagner ma chambre et me voici déjà, la tête courbée au-dessus de mon bloc-notes, prêt à te faire part de tous ces vécus dilatés qui campent encore dans ma mémoire, associés à ma soirée avec Forsoh. Je te rassure tout de suite : je n’ai pas fait de folies. Tu me connais assez bien pour savoir que je n’en fais presque jamais, sauf avec toi, à l’occasion. Après m’être rafraîchi près de la piscine, à l’ombre d’un bananier haut sur pied et aux larges feuilles ovales et vertes, je rejoignis en fin de compte Forsoh au bar de l’hôtel. Nous discutâmes de choses et d’autres, tu sais, tout le menu fretin pour mieux faire connaissance. Dès qu’il fut à son aise, je m’enquis de ce qui fait la fantaisie du pays. Il me répondit, un peu dans l’embarras, qu’il y a moult parcours touristiques : des lacs de cratère à l’eau vert émeraude, des chutes d’eau vertigineuses ou en cascade, des parcs natur