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Le Bikutsi : une révolution avortée

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Avant l’arrivée du Bikutsi dans les années 80, la musique camerounaise était dominée par le Makossa, né de la rencontre du littoral avec le monde et intrinsèquement ouvert aux influences extérieures. Cette musique se dansait comme une danse de salon et même la « balle à terre », ce moment dramatique où le morceau était à son climax, s’abordait avec délicatesse. Bref, le corps était contraint dans le Makossa. Il devait se tenir, adopter les manières adéquates, se comporter. On apprenait à danser dans des groupes d’élèves qui s’appelaient « clan ». On était membre d’un clan. Un résidu des classes d’âges. On découvrait la vie ensemble, sous la surveillance des aînés qui vous instruisaient. On dansait donc selon des canons prédéfinis, dans cette institution qui fabriquait dans le fond de futurs bourgeois. Le Makossa, né à Douala, était une musique urbaine, émergeant dans une période caractérisée par l’exode rural, où des centaines de milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes venaient