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Affichage des articles du octobre, 2011

Avec un nom en guise de boussole

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L'enfant de la rue - 30X40 - Corlag 2008 On ne l’avait jamais appelé par son nom. D’ailleurs personne ne connaissait son nom. Le vrai. Celui qui en temps normal aurait dû lui être attribué par un père aimant et une mère aimante dans le but de lui signifier : tu es notre prolongement et notre limite. Tout ce qui avait trait à son origine s’était perdu dans la nébulosité propre aux origines. Et on peut même dire que celle qui l’avait expulsé de son ventre avant de le déposer délicatement emballé de papier journal dans la benne à ordures ne connaissait pas non plus son nom puisque par son geste que certains qualifièrent d’inhumain elle montrait ainsi que cette chose qui avait enflé son ventre pendant neuf mois ne faisait pas partie de son existence et n’en ferait jamais partie à l’image de ces nombreux déplaisirs que l’on souffre durant un court laps de temps avant de les enfouir dans nos profondeurs vertigineuses au point de ne même plus en être effleuré quand vient l

Une chambre à soi

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En ce temps-là on vivait sans le besoin de s’isoler du monde. Aussi on n’avait pas « sa » chambre à soi dans « sa » maison à soi dans « sa » propriété à soi où la volonté pouvait cavaler à travers les champs noirs et incommensurables à sa guise, mais on partageait avec tous les autres membres de la famille un espace circulaire rectangulaire carré appelé « case » où, couché le soir sur son matelas d’écorce, en attente du sommeil, l’obscurité et le bruit aidants, il arrivait qu’on pût s’imaginer un lieu intime, un lieu à soi et le désigner « sa » chambre. Pour avoir la jouissance de ce lieu à soi, encore fallait-il que la case qui était sensée en favoriser l’émergence résistât aux attaques des bêtes féroces et aux intempéries, ce qui n’était toujours pas, malheureusement, le cas. Ainsi, après la vague migratoire des bêtes et la saison des pluies il fallait reconstruire la  « case » sans quoi on voyait mourir la possibilité d’un espace à soi. Alors de bonne heure on grimpait une falais