Sortie officiel de Les bateaux sombrent-ils en silence?

LES BATEAUX SOMBRENT-ILS EN SILENCE ? 


Dans la tradition Duala, la mer est à l’origine du monde et héberge des divinités bienfaitrices. Le bateau est alors ce véhicule grâce auquel la communication entre le monde des hommes et celui des divinités est possible. En effet, lors du Ngondo, la grande fête annuelle, l’officiant se rend au milieu des eaux dans un bateau, puis y plonge avec une nasse dans les mains, d’où il rapporte les présages des esprits. 

Depuis le 16e siècle, avec l’irruption des négriers, mastodontes des mers, sur les côtes africaines, le bateau est devenu synonyme de déportation, d’exil forcé. Bref, le signe annonciateur de la mort. Cette perception est encore vivace dans les bateaux qui sombrent presque tous les jours en Méditerranée, anéantissant les espoirs et les rêves de milliers d’êtres humains fuyant des tyrannies qui condamnent leurs corps à la pauvreté et au mutisme. Pourtant, ils cherchaient une oasis pour renaître en eux-mêmes. 

En remontant le fil du temps, Timba Bema nous invite à regarder les naufrages actuels comme l’une des conséquences du choc brutal entre l’Europe et l’Afrique. Cette dernière semble être la grande perdante de cette relation. Puisque dépossédée de ses ressources et de ses hommes qui sont entassés dans des bateaux à destination de toutes les contrées du monde. 


Par ailleurs, l’auteur 
Interroge les bateaux
Encore et toujours
À chaque strophe
Comme au commencement d’une pensée nouvelle
Encore et encore
Comme mille chansons qui ont pour point commun le rythme à quatre temps
Un deux
Un deux
Deux et deux font quatre
Quatrain  
Le quatrain est la pulsation du cœur


Du cœur de ces hommes et femmes qui sombrent dans les bateaux en Méditerranée que l’auteur interroge


Encore et encore
Encore et toujours
Il interroge les bateaux
En boucle
Jusqu’à ce qu’ils émergent dans nos existences
Jusqu’à ce que les cris des naufragés franchissent le seuil absolu de notre audition


Timba Bema interroge les bateaux
Comme on regarde un objet sous tous les angles possibles afin qu’il se dévoile dans son entière complexité

Car oui, la réalité des bateaux est polymorphe, elle s’inscrit dans le temps long, plus de six siècles.


Timba Bema dédie son poème à Joséphine, une Camerounaise repêchée au large de la Libye. Son regard est celui de quelqu’un qui a vu la mort, et nous rappelle que celle-ci a été apportée par des bateaux.


Quatrième de couverture


Tous les jours, en méditerranée, des milliers de rêves sombrent dans le naufrage des bateaux qui les transportent. Leurs cris perçants n’émeuvent pas le ciel. Rarement, ils atteignent le seuil absolu d’audition humaine.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Cette histoire de la violence

Dynastie et plantation

« Pour qui j’écris vraiment ? » ou l’art de se poser la question