Carnet de rêves (Rêve n° 911 - 2/3)

tout à coup les bruits alentour s'estompent... la foret parait inhospi-talière, pleine de mau-vaises augures, de mauvaises intentions nourries spécialement  notre égard... devant nous, à une centaine de mètres à peu près, s'ouvre soudainement une clairière noyée dans une pluie diluvienne... l'herbe y est grasse, verte et attrayante pour nos pieds usés par la marche : on dirait une terre bénie des saisons et des vents : une terre propice au repos... toutefois, en son centre, un troupeau formé d'une quarantaine d'hommes et de femmes  et d'enfants pait en silence, sous l'étroite surveillance d'une panthère au pelage d'or et aux yeux de rubis, vert... à la vue de cette scène terrifiante notre première réaction est de rebrousser chemin, de fuir au plus vite par crainte de nous voir aussi transformer en ruminants, mais, malgré l'appel pressent de la fuite, nous sommes comme irrésistiblement attirés vers la clairière, où la force propre à nos pas nous entraîne sans que nous ne puissions lui opposer de résistance... quand on entre enfin dans la clairière, surgit brusquement derrière nous une deuxième panthère... elle est dressée sur ses pattes arrières et nous fixe d'un œil qui ne montre aucun signe d'agressivité... pourtant, j'ai le sentiment d'avoir perdu un des miens... certes je ne peux nous compter... le moindre geste brusque pourrait retourner l'humeur de la panthère, mais je suis certain que l'un d'entre nous a disparu... je ressens le vide de son absence... je ne saurais dire où il est allé... mais il n'est plus parmi nous... une fois l'averse terminée la panthère se remet à quatre pattes et s'enfonce dans la forêt... on sort vite de la clairière... la forêt est de nouveau pleine de vie... l'animation est égale à celle que nous avons connu tout à l'heure... au bout d'un certain temps de marche on débouche sur une autre clairière qui, à la différence de la première, est ravagée  par les flammes d'un incendie dont on peine à localiser le foyer... toutefois, cette dernière  clairière est semblable point pour point à celle où nous avons pénétré tantôt... une troupeau d'une quarantaine d'hommes et de femmes  et d'enfants brulent sous la surveillance d'une panthère, mais de leurs bouches tordues par la douleur ne s'échappe même pas l'amorce d'un cri... quand, saisis de peur, on se retourne pour fuir par où on est arrivée, on tombe, comme la fois précédente, nez à nez avec une deuxième panthère debout sur ses pattes arrières... elle nous fixe d'un œil non agressif... soudain il me semble que l'un d'entre nous a disparu... alors on continue, on marche, on débouche sur une autre clairière, on croise la première panthère, on tente de s'enfuir, on croise de nouveau la seconde panthère, l'un d'entre nous disparait, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une personne : moi, je suppose... je le sais parce que mon intuition me dit : tu es désormais seul... cette fois la seconde panthère a perdu de sa docilité ; elle rugit en montrant ses crocs... tout à coup elle s'élance sur la quarantaine d'hommes et de femmes et d'enfants et les avale d'une traite...
© Timba Bema, Nuit du 29 au 30 Août 2006
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