Carnet de Rêves (Rêve n°701 - 1/2)

d’un coup je me vois assis dans une salle coincée entre deux portes analogues, la jambe gauche croisée sur la droite... à côté de moi une femme obèse se plaint d’une douleur atroce au bas-ventre, mais elle trouve encore le courage de feuilleter un magazine érotique, dont elle offre à ma vue les images de corps nus, captifs du papier glacé... j’envoie donc mes regards sur le plafond afin de tuer, à la racine, mon attrait grandissant pour cette femme dépravée jusqu’à la moelle... par ailleurs, chose étrange, je brûle de connaître le titre de cette revue, d’en mémoriser la page de couverture et, d’aller au plus vite me la procurer chez un des bouquinistes du carrefour ancien Dalip... aussi, je fais semblant de lacer mes souliers de cuir, mais en lieu et place de la page de couverture, je rencontre plutôt les sublimes yeux de ma voisine... elle me sourit, en clignant mille fois de ses paupières... toutefois, à y regarder de près, l’expression de son visage est loin d’être un sourire car, avec ses joues, bien rondes et bien épaisses, elle a l’air d’être toujours enjouée, de sourire à tout vent, quand bien même elle ne sourit pas... soudain, elle retrousse ses énormes lèvres, et me jette un baiser à réchauffer le sang coagulé d’un mort... je cours aussitôt me réfugier en face, à côté d’un homme dans la soixantaine qui lit son journal d’un air amusé… peu après, une voix sortie de je ne sais où se met à épeler les lettres d’un nom... la femme se lève d’un bond et disparaît derrière la deuxième porte, non sans me foudroyer de sa déception… alors, l’homme à côté de moi explose un rire sonore, ce à quoi je rétorque par du mépris... celui-ci se défend de s’immiscer dans mes affaires, et pour m’en convaincre, il me donne à lire l’article de son journal qui, selon lui, est la seule et unique cause de son hilarité... je lis donc ce que voici : “ D’un coup il se verra assis dans une salle coincée entre deux portes analogues, la jambe gauche croisée sur la droite. A côté de lui une femme obèse se plaindra d’une douleur atroce au bas-ventre, mais elle trouvera le courage de feuilleter un magazine érotique, dont elle lui offrira les images de corps nus, captifs du papier glacé. Il enverra donc ses regards sur le plafond afin de tuer, à la racine (Nda : il le croira vraiment), son attrait grandissant pour cette femme dépravée jusqu’à la moelle (Nda : il le croira vraiment). Par ailleurs, chose étrange (Nda : l’attrait du vice n’est en rien étrange, au contraire, il participe de la bonne hygiène de l’esprit), il brûlera de connaître le titre de cette revue, d’en mémoriser la page de couverture et, d’aller au plus vite se la procurer chez un des bouquinistes du carrefour ancien Dalip. Aussi, il fera (Nda : il le croira vraiment, mais en vérité il ignorera à tout jamais la raison de son geste) semblant de lacer ses souliers de cuir, mais en lieu et place de la page de couverture, il rencontrera plutôt les sublimes yeux (Nda : il ne se doutera pas qu’il vient de succomber au vice) de sa voisine. Elle lui sourira, en clignant mille fois de ses paupières. Toutefois, en y regardant de près, l’expression de son visage (Nda : le visage de la femme obèse) lui paraîtra contraire à un sourire car, les joues bien rondes et bien épaisses de celle-ci lui donneront à penser qu'elle est toujours enjouée, qu’elle sourit à tout vent, quand bien même elle ne sourit pas (Nda : bref, de la pure invention d'un esprit qui se croit à l'abri du vice alors qu'il y patauge déjà jusqu'aux genoux). Soudain, elle retroussera ses énormes lèvres, et lui jettera un baiser à réchauffer le sang coagulé d’un mort (Nda : les opinions de mon personnage sont loin de m’engager). Il viendra aussitôt se réfugier à côté de toi, qu’il prendra pour un homme dans la soixantaine qui lit son journal d’un air amusé. Peu après, une voix sortie de nulle part (Nda : ma voix) se mettra à épeler les lettres d’un nom. La femme se lèvera d’un bond et disparaitra derrière la deuxième porte (Nda: car elle croira que je l'ai appelée), non sans le foudroyer de sa déception. Alors, tu exploseras d'un rire sonore, ce à quoi il rétorquera par du mépris. Tu te défendras de t’immiscer dans ses affaires, et pour l’en convaincre tu lui donneras à lire le présent article.”
© Timba Bema, 02 Mai 2005

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