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Affichage des articles du juin, 2020

La Suisse est-elle contre la liberté ?

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Oui, la Suisse est un pays neutre. Oui, la Suisse respecte le droit de tous et de chacun de manifester, d’exprimer son opinion, raison pour laquelle elle a autorisé le 29 juin une manifestation pro-Biya devant l’hôtel Intercontinental à Genève et une autre de la dissidence camerounaise à la Place des nations située à quelques encablures. Oui, la Suisse est neutre. Je le sais. Moi qui vis dans ce pays depuis plus d’une dizaine d’années, je le sais très bien. La Suisse est neutre. Cette sentence est si souvent répétée qu’elle est devenue un dogme. Pourtant, oui, pourtant, ce dogme mérite d’être questionné.   La neutralité n’est pas une valeur en soi La neutralité n’est pas une valeur en soi mais une position stratégique. La Suisse a adopté cette attitude pour s’octroyer une marge de manœuvre par rapport à la puissance américaine et l’ex-URSS. Elle s’offre ainsi la possibilité, sur des points stratégiques non essentiels, de suivre son propre chemin. Elle se fonde sur une valeur card

Chacun suit son couloir

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S’il y a une expression qui m’a toujours surprise chez les Camerounais c’est bien celle là : chacun suit son couloir ! Elle est brandie en règle générale pour affirmer, revendiquer la liberté de tout un chacun de choisir son camp. Choisir son camp. Cela est possible à deux conditions : d’une part qu’on soit libre et d’autre part que les camps soient constitués par la réflexion d’hommes libres. Le simple fait que le problème se pose en tyrannie apporte ici la réponse, une réponse cinglante, sans appel. En tyrannie il n’y a pas de liberté donc il n’y a pas de camp. Ce que dit cette expression, que l’on vous balance souvent avec une légèreté qui frise l’indécence, c’est moins la situation de liberté que de survie. Mais, accordons-leur le bénéfice du doute. Cette expression m’a toujours paru étrange, inquiétante, et je me suis toujours demandé ce qu’elle disait des Camerounais. Comme on le sait, les expressions populaires nous trahissent toujours, révèlent des aspects de notre personnalité

Black Lives Matter: après les marches, on fait quoi?

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La pandémie de Covid-19 a révélé de profondes disparités dans l’accès aux soins de santé. Aux Etats-Unis, une mortalité plus que proportionnelle a frappé les Noirs. En France, malgré l’absence de statistiques, le département de la Seine-Saint-Denis, qui abrite une forte population noire, a été l’un des plus touchés. En Suisse, la misère sociale des travailleurs précaires, parmi lesquels des Noirs, a éclaté au grand jour. Cette vulnérabilité accrue a attisé un sentiment d’injustice chez les Noirs occupant bien souvent des emplois exposés à la contamination. C’est dans ce contexte qu’intervient le meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis, entraînant une vague d’indignation mondiale qui a marqué de la plus belle des manières la sortie du confinement. La Suisse n’est pas en reste. On a marché à Neuchâtel, à Zurich, à Berne, à Lausanne, à Genève, en scandant: «Black Lives Matter!» La vie des Noirs compte. On s’est ému que chez nous aussi de jeunes Noirs meurent entre les mains d