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Affichage des articles du octobre, 2010

Le visiteur de madame Tchakounté (1/6)

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Joaquin Ferrer, Le visiteur absent On le voyait souvent pénétrer la demeure de madame Tchakounté vers neuf dix heures du soir. Il garait sa voiture de marque Toyota dans un coin dépourvu de lampadaire en haut de la Grand-rue, chaussait des bottes de caoutchouc, enfilait un manteau de pluie et se glissait silencieusement dans le quartier. Il essayait autant que faire se peut d’être discret, mais il arrivait toujours qu’au travers d’un coup d’œil jeté par hasard dans une fenêtre ou dans une porte grande ouverte on aperçût tout à coup son ombre chevauchant dans l’obscurité, et qu’ensuite on divulgua la nouvelle à un proche qui à son tour la divulguait à un autre, de sorte qu’on pouvait à terme retracer chacune des étapes du parcours qui le conduisait immanquablement dans la demeure de madame Tchakounté. Toutefois il n’était vraiment pas nécessaire de se donner tant de peine puisqu’à la longue on avait pu observer qu’il venait au quartier deux fois par semaine à savoir le mercredi et

L'hospice du bonheur (1/4)

[1] Juillet. Dix heures. Il pleuvait à verse. L’envie était de se couler dans son lit et de tutoyer l’intimité de son autre. Des heures et des heures. Mais on avait dû y renoncer afin de visiter un appartement dont la mise en location venait de paraître dans le grand quotidien de la région. De plus, le propriétaire s’était montré très enthousiaste de nous recevoir, puisqu’il se trouvait à cette heure dans l’appartement où il effectuait quelques menus travaux d’électricité. Il nous avait donc conseillé de passer le voir au plus vite, car nous étions les premiers à nous montrer intéressés par son bien. Bien sûr, avait-il tenu à préciser, sa décision de rencontrer d’autres personnes allait dépendre de ce que nous y trouverions ou pas les qualités que nous cherchions pour notre future demeure. En d’autres termes la priorité de le louer nous reviendrait si nous la visitions les premiers son appartement qui était situé dans un quartier cossu de la périphérie nord, au premier étage d’une

Comme on sauve un esprit de lui-même (1/3)

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alors que l'esprit était dans sa quinzaine année, la mère de celui-ci s’inquiéta qu’il n’eût encore pas connu les joies et les peines de l'amour... ce n’était pas, à vrai dire, le fait qu’il fût sans copine qui la travaillait, mais tout autre chose à savoir, sa désinvolture face à la question... lorsqu’elle lui en parlait, très souvent d’ailleurs, il rétorquait chaque fois, dans la précipitation, que les femmes ne sont pas importantes dans la vie d’un esprit... une fois, au cours du repas du soir, assis tous les deux dans la salle à manger, elle insista de connaître les raisons de son désintérêt pour la gente du sexe opposé, mais il piqua une telle crise de nerfs qu’il l’engueula pendant près d’un quart d’heure, et il alla même jusqu’à frapper des poings sur la table avec une force telle, que le bouillon de maquereau dans leurs assiettes se déversa sur la nappe, et ensuite il se déroba dans sa chambre où il s’enferma à clé... la mère tomba aussitôt dans la déprime et p

Carnet de rêves (Rêve n° 911 - 2/3)

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t out à coup les bruits alentour s'estompent... la foret parait inhospi-talière, pleine de mau-vaises augures, de mauvaises intentions nourries spécialement  notre égard... devant nous, à une centaine de mètres à peu près, s'ouvre soudainement une clairière noyée dans une pluie diluvienne... l'herbe y est grasse, verte et attrayante pour nos pieds usés par la marche : on dirait une terre bénie des saisons et des vents : une terre propice au repos... toutefois, en son centre, un troupeau formé d'une quarantaine d'hommes et de femmes  et d'enfants pait en silence, sous l'étroite surveillance d'une panthère au pelage d'or et aux yeux de rubis, vert... à la vue de cette scène terrifiante notre première réaction est de rebrousser chemin, de fuir au plus vite par crainte de nous voir aussi transformer en ruminants, mais, malgré l'appel pressent de la fuite, nous sommes comme irrésistiblement attirés vers la clairière, où la force propre à nos