LES BATEAUX SOMBRENT-ILS EN SILENCE ? Dans la tradition Duala, la mer est à l’origine du monde et héberge des divinités bienfaitrices. Le bateau est alors ce véhicule grâce auquel la communication entre le monde des hommes et celui des divinités est possible. En effet, lors du Ngondo, la grande fête annuelle, l’officiant se rend au milieu des eaux dans un bateau, puis y plonge avec une nasse dans les mains, d’où il rapporte les présages des esprits. Depuis le 16e siècle, avec l’irruption des négriers, mastodontes des mers, sur les côtes africaines, le bateau est devenu synonyme de déportation, d’exil forcé. Bref, le signe annonciateur de la mort. Cette perception est encore vivace dans les bateaux qui sombrent presque tous les jours en Méditerranée, anéantissant les espoirs et les rêves de milliers d’êtres humains fuyant des tyrannies qui condamnent leurs corps à la pauvreté et au mutisme. Pourtant, ils cherchaient une oasis pour renaître en eux-mêmes....