à T.M La nouvelle était tombée des ondes. Un soir comme les autres, à ressasser des temps méconnus de la plupart des vivants. Mais après l’avoir entendue, n’y croyant pas d’abord et s’y faisant peu à peu, s’en accommodant comme des secousses d’un séisme dont la fulgurance s’éclaircie lentement à l’âpreté des sens, le père avait brandi son fils de cinq ans au ciel, comme si ce fut lui l’objet de cette joie viscérale qui transportait son cœur de vieillard dépassé par les ans, pour qui toute joie, aussi infime fusse t-elle, était occasion de célébrer la victoire mille fois renouvelée de la vie sur la mort. Les lumières du soir dansaient déjà à sa fenêtre, la douceur exceptionnelle de la journée s’apprêtait à déposer les armes, vaincue et amère, aux pieds des froides déesses de la nuit, et la casserole mitonnait le seul et unique repas de la journée, qu’il s’apprêtait à honorer avec en idée que cela était sa consolation, la consolation de l’homme brave et fier, malgré tout. A peine descend...
Un grand nombre d'auteurs africains ont éclos en France. Soit parce que publiés en France soit parce qu’y étant établis. Ce constat ne relève pas du seul désir des africains. C’est important de le souligner dès le départ. De facto, ce pays occupe une place centrale dans la production et la réception des œuvres africaines. Ceci est un constat froid et implacable. Seulement, cette réalité mérite qu’on s’y arrête un instant. Le regard ici ne doit pas être figé dans une posture contemplative, pareille à celle que l’on aurait devant un masque accroché à un mur, mais on doit lui tourner autour, le regarder de haut, de bas, devant, derrière, sur les côtés. Cette réalité doit être interrogée pour ce qu’elle représente, et cette analyse ne saurait se faire en éludant le rôle de la littérature dans la construction d’un imaginaire national, sinon territorial. La littérature comme la technologie est un moyen d’avoir prise sur un territoire. Je veux dire par là qu’elle n’a pas seulement pour ...
Le génocide est le mal absolu. En ce sens qu’il vise l’éradication d’un peuple. Quand un génocide est en train de se dérouler, et que quelques voix à peine audibles le dénoncent, nombreux sont ceux qui en doutent, crient à l’exagération, à l’incompréhension, à la manipulation, exigent des preuves solides, convaincantes, irréfutables, comme des juges du haut de leurs magistères qui voudraient fonder leur sentence sur des faits, rien que des faits, du tangible, tangible dont ils contestent par ailleurs la véracité sinon l’importance. Quant aux autres, ils jettent la tête au loin et se laissent submerger par le tumulte ambiant qui répand sa chanson soporifique, celle-là même dont la molécule ouvre l’esprit aux mille sommeils elliptiques. Au début, on minimise toujours l’ampleur de la destruction en cours de la matière humaine. C’est que le terme « génocide » suscite instinctivement une levée de bouclier, un réflexe d’autodéfense comme cligner des yeux quand une poussière se pose sur la co...
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