Les seins de l'amante, article et interview dans La Nouvelle Tribune
Extrait: Votre éditeur note : (…) c’est un long poème en prose, où l’évocation des corps — de l’amante, du narrateur — est prétexte à une magnifique allégorie du destin de l’homme africain, du colonialisme à l’affirmation de lui-même… Pouvez-vous approfondir cet aspect du poème ? C’est justement le point dont j’entamais l’exploration dans votre précédente question. Il se trouve que le processus historique qui a projeté l’homme africain hors de lui-même est la colonisation européenne. Notons que la conscience se forme par paliers. Elle commence par s’ouvrir à une réalité immédiate qui affecte son corps, puis elle découvre comment la société l’a modelé. Enfin, elle conceptualise cette influence. Dans la conscience africaine contemporaine, la colonisation reste quelque chose de très conceptuel. Or, ce qui m’intéressait dans le poème était d’explorer sa matérialité, la façon dont elle avait fabriqué de nouveaux corps. Il s’agissait donc de la dénuder, de lui enlever ses hab...