Les seins de l'amante, article et interview dans La Nouvelle Tribune




Extrait:

Votre éditeur note : (…) c’est un long poème en prose, où l’évocation des corps — de l’amante, du narrateur — est prétexte à une magnifique allégorie du destin de l’homme africain, du colonialisme à l’affirmation de lui-même… Pouvez-vous approfondir cet aspect du poème ?

C’est justement le point dont j’entamais l’exploration dans votre précédente question. Il se trouve que le processus historique qui a projeté l’homme africain hors de lui-même est la colonisation européenne. Notons que la conscience se forme par paliers. Elle commence par s’ouvrir à une réalité immédiate qui affecte son corps, puis elle découvre comment la société l’a modelé. Enfin, elle conceptualise cette influence. Dans la conscience africaine contemporaine, la colonisation reste quelque chose de très conceptuel. Or, ce qui m’intéressait dans le poème était d’explorer sa matérialité, la façon dont elle avait fabriqué de nouveaux corps. Il s’agissait donc de la dénuder, de lui enlever ses habits d’apparat ou ses déguisements. Force est de constater que son influence n’a pas encore été totalement absorbée vu qu’elle n’a duré que 150 ans, contrairement à d’autres phénomènes similaires qui se sont étalés sur 400 voire 500 ans. Par ailleurs, elle a entraîné l’effacement de l’histoire précoloniale. Or, du fait même de sa brièveté, il est plus que nécessaire pour l’Africain de se réapproprier sa propre histoire, pour enfin sonner juste dans son être et se réconcilier avec son corps qui garde dans son secret la mémoire traumatique de ces temps oubliés.

Vous pouvez lire l'article et l'interview ICI

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Cette histoire de la violence

« Pour qui j’écris vraiment ? » ou l’art de se poser la question

Dynastie et plantation