Télégrammes Interceptés par la NSA [512]


Appelez-moi Édèmè Brown. C'est le nom avec lequel je suis le plus à l’aise, parce que, celui dans mon état civil est franchement ringard, ne riez pas, comment peut-on être fier de porter un nom comme Ngoh Lembè Patrice Olivier ? Franchement, entre nous, n’est-ce pas se frotter soi-même la poisse sur le corps que d’endosser un nom pareil ? Alors, un beau jour, je ne sais d’ailleurs pas si il faisait beau ou si il pleuvait, mais gardons un beau jour, j'ai dit à mes potes du quartier de m’appeler désormais Édèmè Brown. Ils ont failli s'étouffer de rire. Quoi? Quoi? Quoi? Je leur ai dit, les gars, entre nous, les américains ne sont-ils pas les maîtres de l'univers? Ils ont acquiescé, mais cela ne les a pas empêché de se moquer de moi, jusqu'à ce que, de leurs yeux émerveillés, ils s'aperçoivent que mon nouveau nom me donnait un succès fou auprès des filles. Alors tous, je dis bien tous, ont changé leur nom. Mousokè Richard Élysée est devenu Mouen Patterson. Ndemba Priso Victor est devenu Ndedi Pickett. Ekédi Gérard Louis est devenu Njoh Washington. Timba Bema Jean Aristide est devenu Ebabadi Nelson. Etc. Etc. Tous ont changé leur nom. Du jour au lendemain l'affaire-là est devenue grandiose. Tout le monde m'a demandé comme m'est venue cette idée. J'ai répondu, c'est arrivé comme ça ! Je ne l’ai pas prémédité. Ce nom a surgi dans mon esprit et j’ai su, en l’entendant claquer comme un drapeau dans les airs, qu’il était fait pour moi.

(c) Timba Bema, 2017

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