Télégrammes interceptés par la NSA [2043]

à 18h15 comme prévu je me présentais devant sa chambre à l'hôtel Hilton, la porte s'ouvrit dans le noir, les rideaux étaient tirés, les lumières éteintes, je fus rapidement saisie aux yeux et à la gorge par la fumée du cigare qui rougeoyait dans un coin, à quelques pas de moi, je crois qu’en tendant la main j’aurais pu le toucher, ce petit point rouge, mais déjà il m’ordonnait de me déshabiller et de m’allonger par terre, en fait il y avait un tapis au sol, un tapis moelleux au toucher et à la caresse agréable sur la peau, ajoutant que je ne devais bouger sous aucun prétexte, sinon je risquais la mort, alors je m’executai, j’attendis, un long moment, mon coeur battait à tout rompre, mon sang frappait puissamment contre mes tempes, une sorte de courant électrique partait de mon ventre et traversait mes cuisses, quand je sentis une froideur me traverser le dos, on aurait dit qu’elle rampait, cette froideur, alors j’avais pensé à un serpent, un serpent peut-être, à la peau froide et gluante, qui maintenant s’engageait dans mon entre-jambe, il avait dit de ne surtout pas bouger, il avait dit précisément : si vous bougez d’un cil vous êtes morte mademoiselle, je regrettais d'être venue dans sa chambre, on m’avait pourtant dit qu’il avait des goûts bizarres quoique très généreux, on avait insisté sur la bizarrerie de ses goûts, sans donner plus de détails sur ceux-ci, mais j’avais pris cela pour l’expression de la jalousie, les gens sont jaloux des gens par nature, et voilà qu’un serpent se baladait autour de mes reins, je ne pouvais rien faire, j'étais tétanisée par l’effroi, la morsure possible, le venin, dans mon sang, la mort au bout du compte, et je crois qu’à un moment mes nerfs ont lâché, je ne pouvais plus supporter, si je devais mourir au moins fallait-il me remuer, bouger, tenter de m'échapper, je me levai donc le plus rapidement possible et courus vers l’interrupteur à l’entrée, et quand la lumière inonda la chambre, l’homme se tenait assis sur un fauteuil confortable et fumait un cigare, et à quelques pas de l’endroit où j'étais allongée, comment dire, une femme était debout, à l'extrémité de son bras droit pendait une sorte de membre artificiel, on aurait dit qu’il était en latex, mais je n’en suis pas sûre

(c) Timba Bema, 2016

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