Mal et indifférence

Le génocide est le mal absolu. En ce sens qu’il vise l’éradication d’un peuple. Quand un génocide est en train de se dérouler, et que quelques voix à peine audibles le dénoncent, nombreux sont ceux qui en doutent, crient à l’exagération, à l’incompréhension, à la manipulation, exigent des preuves solides, convaincantes, irréfutables, comme des juges du haut de leurs magistères qui voudraient fonder leur sentence sur des faits, rien que des faits, du tangible, tangible dont ils contestent par ailleurs la véracité sinon l’importance. Quant aux autres, ils jettent la tête au loin et se laissent submerger par le tumulte ambiant qui répand sa chanson soporifique, celle-là même dont la molécule ouvre l’esprit aux mille sommeils elliptiques. Au début, on minimise toujours l’ampleur de la destruction en cours de la matière humaine. C’est que le terme « génocide » suscite instinctivement une levée de bouclier, un réflexe d’autodéfense comme cligner des yeux quand une poussière se pose sur la co...