Le visiteur de madame Tchakounté (1/6)

Joaquin Ferrer, Le visiteur absent On le voyait souvent pénétrer la demeure de madame Tchakounté vers neuf dix heures du soir. Il garait sa voiture de marque Toyota dans un coin dépourvu de lampadaire en haut de la Grand-rue, chaussait des bottes de caoutchouc, enfilait un manteau de pluie et se glissait silencieusement dans le quartier. Il essayait autant que faire se peut d’être discret, mais il arrivait toujours qu’au travers d’un coup d’œil jeté par hasard dans une fenêtre ou dans une porte grande ouverte on aperçût tout à coup son ombre chevauchant dans l’obscurité, et qu’ensuite on divulgua la nouvelle à un proche qui à son tour la divulguait à un autre, de sorte qu’on pouvait à terme retracer chacune des étapes du parcours qui le conduisait immanquablement dans la demeure de madame Tchakounté. Toutefois il n’était vraiment pas nécessaire de se donner tant de peine puisqu’à la longue on avait pu observer qu’il venait au quartier deux fois par semaine à savoir le mercredi et ...