Le petit train rouge (2/2)
Près d’Oostkamp un champ de froment s'étalait, des roselins cramoisis voltigeaient parmi les épis dorés et les pales des éoliennes. (…) je m’installai au pif dans un wagon de première, en face d'un monsieur, qui portait sur ses jambes un bichon maltais au poil neige de l’Edelweiss et à la petite langue rose, qu’il tirait avec une expression dont chaque ligne de mon visage singeait le martyre, et alors que je cherchais un moyen courtois d’en avertir son maître, j’allais surprendre la main de ce dernier à lui astiquer le fourreau, son beau fourreau neige de l’Edelweiss, hors duquel pendouillait une ficelle de chair rouge (…) Deux minutes d’arrêt à Brugge, annonça la ravissante voix de la contrôleuse, dont le message pourtant banal semblait en cacher un autre, celui-là destiné à la personne même de Karl Van der Merghen. (...) je courus à la toilette rincer la cendre du vice sur mon visage, j’en ressortis avec un goût de savon sur la langue, et la certitude que seule la fatalit...